Note de conjoncture INSEE, mars 2016
Inflation nulle, pouvoir d’achat
dynamique
Résumé
Fin 2015, la conjoncture est restée
maussade dans les pays émergents, notamment en Chine où l’activité a encore
ralenti, et dans les pays producteurs de pétrole qui ont pâti de la faiblesse de
son cours. L’activité des économies avancées a aussi ralenti, notamment parce
que leurs exportations vers les émergents ont fléchi. La croissance des pays
anglo-saxons s’est affaissée du fait de leur investissement productif, et
l’économie japonaise a rechuté. Dans la zone euro, le PIB a crû de 0,3 % au
quatrième trimestre 2015, comme au troisième trimestre mais légèrement moins
vite qu’en première partie d’année. La croissance s’est maintenue à ce niveau en
Allemagne et en France, alors qu’elle s’est de nouveau affaissée en Italie et
est restée vive en Espagne.
Début 2016, le climat des affaires
mondial s’est altéré, ce qui suggère une progression des échanges encore
poussive. Mais comme le cours du pétrole a baissé à nouveau, l’inflation reste
très faible et le pouvoir d’achat des ménages se renforce dans les pays avancés.
La croissance resterait modérée aux États-Unis et au Royaume-Uni, au regard du
rythme atteint jusque mi-2015, car la demande des entreprises est en nette
baisse de régime. Dans la zone euro, l’activité retrouverait un peu de tonus
avec l’accélération de la consommation et la reprise de l’investissement, mais
le commerce extérieur pèserait sur la croissance.
En France, les attentats meurtriers du
13 novembre 2015 à Paris et la douceur des températures à l’automne ont limité
la consommation des ménages, qui s’est repliée au quatrième trimestre. Au
premier semestre 2016, ces effets ne pèseraient quasiment plus sur la croissance,
et, à l’exception des postes les plus affectés par les attentats pour lesquels
le redressement serait progressif, la consommation des ménages rebondirait
nettement. Elle serait portée par un pouvoir d’achat de nouveau en hausse, car
les revenus d’activité resteraient dynamiques, alors que l’inflation demeurerait
quasi nulle du fait de sa composante énergétique. En outre, après plus de deux
années de fort recul, la baisse des dépenses d’investissement en logement serait
moindre. Par ailleurs, de nombreuses conditions encouragent les entreprises à
investir davantage : leur taux de marge s’est déjà fortement redressé en 2015 et
s’approcherait plus encore de sa moyenne d’avant-crise, renforçant la capacité
des entreprises à autofinancer leurs projets ; le financement externe est
d’autant plus facilité que la Banque centrale européenne assouplit de nouveau sa
politique monétaire, maintenant les taux d’intérêt à bas niveau ; en outre, le
dispositif de suramortissement stimule les dépenses d’investissement productif.
Enfin, à rebours de ses partenaires européens, et malgré le ralentissement de la
demande mondiale, les exportations de la France accéléreraient ponctuellement,
du fait de la livraison de grands contrats aéronautiques et navals.
Au total, en phase avec un climat des
affaires qui a rejoint sa moyenne de longue période, la croissance française
gagnerait un peu de tonus au premier semestre 2016 (+0,4 % par trimestre). Après
une année de reprise modérée en 2015 (+1,1 %), l’acquis de croissance pour
2016 serait à ce niveau dès la
mi-année. Avec la légère accélération de l’activité et le développement des
dispositifs visant à enrichir la croissance en emplois, l’emploi marchand
continuerait de progresser quasiment sur le même rythme que fin 2015. L’emploi
total augmenterait plus vite que la population active et le taux de chômage
baisserait de nouveau modérément pour atteindre 10,2 % mi-2016 sur l’ensemble de
la France.
Divers aléas sont associés à ce
scénario. D’abord, le ralentissement des économies émergentes et son impact sur
les exportations européennes, notamment allemandes, pourraient être plus amples
que prévu, ce qui entraverait un peu plus qu’anticipé la hausse du commerce
mondial et celle de l’activité européenne. À l’inverse, alors qu’une légère
remontée du taux d’épargne est prévue, les ménages européens et en particulier
français pourraient consommer un peu plus rapidement qu’anticipé les gains de
pouvoir d’achat.
Vue d'ensemble
L’activité a faiblement progressé dans
les économies émergentes
Après un ralentissement prononcé au
premier semestre 2015 puis un rebond à l’été, l’activité a progressé faiblement
dans les économies émergentes au quatrième trimestre avec des situations encore
contrastées. Les produits intérieurs bruts (PIB) russe et brésilien ont continué
de se contracter fortement. En Chine, l’activité aurait à nouveau légèrement
ralenti (+1,6 % après +1,8. %). En revanche dans les pays d’Europe centrale et
orientale, l’activité est restée soutenue. Au total, les importations des
économies émergentes ont modérément rebondi au second semestre 2015 après avoir
fortement pesé sur le commerce mondial en début d’année.
Les économies avancées ont ralenti au
quatrième trimestre 2015
Au quatrième trimestre 2015, les
économies avancées ont ralenti (+0,3 % après +0,5 %), notamment aux États-Unis
(+0,3 % après +0,5 %), où l’investissement des entreprises et les exportations
se sont contractés. De son côté, l’économie japonaise a rechuté (–0,3 % après
+0,3 %), du fait d’une nouvelle baisse de la consommation.
L’activité n’a pas accéléré dans la
zone euro, pénalisée par un trou d’air dans la consommation
Dans la zone euro, l’activité a crû au
même rythme qu’au troisième trimestre 2015 (+0,3 %, contre +0,4 % prévu dans la
Note de Conjoncture de décembre), pénalisée par une décélération de la
consommation. L’activité a ralenti en Italie (+0,1 % après +0,2 %) mais est
restée dynamique en Espagne (+0,8 % après +0,8 %). En Allemagne, la croissance
est restée modérée (+0,3.%), malgré une contribution du commerce extérieur
négative pour le deuxième trimestre consécutif.
En France, la croissance a atteint
+0,3 % au quatrième trimestre 2015, comme au trimestre précédent, soit un peu
plus que prévu dans la Note de Conjoncture de décembre (+0,2 %). La production
manufacturière a vivement progressé (+1,1 % après +0,2 %) entraînant celle des
services marchands qui a résisté (+0,5 % après +0,5 %), malgré les conséquences
négatives des attentats. Dans la construction, la production a cessé de reculer
pour la première fois depuis plus de deux ans (+0,2 % après –0,8 %). Côté
demande, la consommation des ménages a été affectée par les attentats et les
températures douces (–0,2 % après +0,5 %), tandis que
l’investissement des entreprises a
accéléré : +1,3. %, après trois trimestres de hausse déjà soutenue. Le commerce
extérieur a contribué négativement à la croissance (–0,5 point), trouvant sa
contrepartie dans une forte contribution positive des variations de stocks (+0,7
point), pour le deuxième trimestre consécutif.
Les prix du pétrole et des matières
premières ont à nouveau baissé
Affectés par le ralentissement en
Chine, les prix des matières premières industrielles (caoutchouc, cuivre,
aluminium, plomb, nickel, etc.) ont continué de reculer début 2016. Le cours du
pétrole notamment, qui s’était stabilisé autour de 45.$ jusqu’en novembre 2015,
a chuté à nouveau en décembre et janvier 2016. Il s’est légèrement redressé
depuis et fluctue autour de 40 $ debut mars. Conventionnellement, le prix du
baril de pétrole est figé en prévision à ce niveau jusque mi-2016.
Les politiques monétaires divergent,
les taux d’intérêt repartent à la baisse dans la zone euro
Après six années de maintien à des
niveaux très bas, la Réserve fédérale a relevé ses taux directeurs en décembre
2015, compte tenu des perspectives d’inflation en hausse et de l’amélioration
régulière du marché du travail aux États-Unis. Elle continuerait de les relever
graduellement d’ici juin. À l’inverse, confrontée à une inflation faible dans la
zone euro, la Banque centrale européenne assouplit encore sa politique en
baissant en décembre puis en mars le taux de dépôt des banques privées (de –0,2
% à –0,4 %) et en augmentant le volume mensuel des achats de titres publics. Les
taux d’intérêt ont ainsi à nouveau baissé début 2016 dans la zone, le taux
souverain français à 10 ans rejoignant son niveau du printemps 2015 (entre 0,5 %
et 0,6 %).
L’euro se réapprécie un peu, notamment
face à la livre et aux monnaies émergentes
La divergence des politiques
monétaires ne semble plus peser sur la dépréciation de l’euro face au dollar :
l’euro fluctue autour de 1,10 dollar depuis un an. La monnaie européenne
s’apprécie même depuis quelques mois face à la plupart des devises émergentes
(notamment le rouble) et face à la livre, en raison de l’incertitude engendrée
par le prochain référendum sur l’appartenance du Royaume-Uni à l’Union
européenne.
Les économies émergentes
n’accélèreraient pas
Dans la plupart des grands pays
émergents, le climat des affaires reste globalement dégradé. En Chine,
l’activité résisterait grâce à une consommation des ménages stimulée par des
mesures fiscales, mais l’investissement ralentirait encore. Les importations
reculeraient de nouveau au premier trimestre 2016 et ne rebondiraient que
modestement au deuxième. La Russie et le Brésil demeureraient en récession,
pâtissant de la nouvelle baisse des prix des matières premières et du regain
d’inflation né de la dépréciation de leur monnaie. En revanche, l’activité
progresserait encore solidement dans les pays importateurs d’hydrocarbures
(Inde, Turquie, pays d’Europe centrale et orientale). Au total, les importations
des pays émergents progresseraient en deçà de leur tendance : +0,2 % au premier
trimestre 2016 puis +0,7 % au deuxième contre +2,1 % en moyenne entre 1990 et
2011.
Encore un peu de carburant pour le
pouvoir d’achat et la consommation
Dans les économies avancées, le climat
conjoncturel reste encore favorable mais s’est infléchi début 2016, notamment
dans l’industrie (graphique 1). En revanche, la nouvelle baisse des prix du
pétrole favoriserait le pouvoir d’achat des ménages et leur consommation,
notamment dans la zone euro. Aux États-Unis, l’activité progresserait modérément
(+0,5.% par trimestre), l’investissement des entreprises continuant de reculer,
en particulier dans le secteur minier. Au Royaume-Uni, la perspective du
référendum renforcerait l’attentisme des entreprises et la croissance resterait
bien plus modérée (+0,4 % par trimestre) qu’entre mi-2013 et mi-2015 (+0,7 % par
trimestre). Au Japon, les enquêtes de conjoncture signalent une modeste reprise
de l’activité, à la faveur d’un timide redémarrage de la demande intérieure.
Le commerce mondial progresserait
faiblement début 2016
Le commerce mondial a fortement reculé
au premier semestre 2015 (–0,6 % par trimestre) puis a rebondi au second
semestre (+2,1 % puis +0,7 %), à la faveur du rétablissement des échanges en
Asie. Sur l’ensemble de l’année, les échanges mondiaux ont progressé de 2,5 %,
après +3,2 % en 2014 et +2,4 % en 2013. Le recul du climat des affaires dans
l’industrie suggère que le commerce mondial n’augmenterait que faiblement d’ici
mi-2016 (+0,5 % au premier trimestre puis +0,8 % au deuxième), deux fois moins
vite qu’entre 2000 et 2007 (+1,5 % par trimestre). Les importations des
économies avancées seraient plus dynamiques que celles des économies émergentes.
Les conditions financières continuent
de s’améliorer, soutenant l’investissement
Le marché du crédit en Europe continue
de s’améliorer. Les encours de crédit aux entreprises progressent à nouveau et
les taux ont baissé dans tous les pays de la zone. Les enquêtes auprès des
banques signalent une poursuite de l’expansion du crédit, même si la part des
créances douteuses dans les bilans bancaires soulève des inquiétudes, notamment
pour l’Europe du Sud. Grâce à des conditions financières plus souples et des
marges améliorées par la baisse du prix du pétrole, l’investissement productif
resterait dynamique d’ici mi-2016. En Italie et en France, il est de plus
soutenu par des mesures fiscales incitatives de suramortissement.
Les rythmes de croissance
convergeraient dans la zone euro, autour de +0,4 % par trimestre
Dans les grands pays de la zone euro,
le climat des affaires s’est un peu tassé début 2016, notamment en Allemagne,
mais il se maintient au-dessus de sa moyenne de longue période. Hormis en
Espagne où l’activité resterait très allante, les rythmes de croissance des pays
de la zone euro se rapprocheraient, autour de +0,4 % par trimestre.
La consommation des ménages
bénéficierait de la nouvelle baisse des prix du pétrole
Dans la zone euro, la consommation des
ménages accélèrerait nettement d’ici mi-2016 (+0,6 % puis +0,5 % aux deux
premiers trimestres 2016) grâce aux gains de pouvoir d’achat qu’apporteraient la
nouvelle baisse du prix du pétrole et la reprise généralisée de l’emploi
(graphique 2). En particulier, la consommation progresserait fortement en
Espagne, où le marché du travail s’améliore franchement, et en Allemagne,
notamment grâce à l’accélération des salaires. Par ailleurs, la consommation
publique allemande resterait soutenue du fait des dépenses supplémentaires
nécessaires à l’accueil des réfugiés.
La contribution du commerce extérieur
à la croissance resterait négative dans la zone euro
D’ici mi-2016, les exportations de la
zone euro, principalement de l’Allemagne, pâtiraient de la faiblesse de la
demande des économies émergentes et des économies anglo-saxonnes, d’autant plus
que l’effet de la dépréciation passée de l’euro s’estomperait. À l’inverse, les
importations seraient soutenues par le dynamisme de la demande intérieure, si
bien que la contribution du commerce extérieur à la croissance de la zone euro
resterait négative.
Les exportations françaises
resteraient dynamiques au premier semestre 2016
Les exportations françaises ont
rebondi au quatrième trimestre 2015 après un trou d’air à l’été. Sur l’ensemble
de l’année, elles se sont élevées de 6,1 %, près de deux fois vite plus que la
demande mondiale adressée à la France. Au premier semestre 2016, elles ne
faibliraient pas malgré le ralentissement de la demande mondiale grâce à la
livraison de plusieurs grands contrats aéronautiques et navals. La contribution
du commerce extérieur serait ainsi faiblement positive au premier semestre.
Le climat des affaires en France se
replie légèrement en février
En France, le climat des affaires
s’est amélioré tout au long de 2015 et a atteint 102 en janvier 2016, son plus
haut niveau depuis quatre ans. En février, il se replie légèrement et rejoint sa
moyenne de long terme (100). Le climat des affaires dans l’industrie, notamment,
est stable au-dessus de sa moyenne de longue période (graphique 3 ). En
revanche, le climat reste dégradé dans le bâtiment.
La production manufacturière
ralentirait au premier trimestre 2016
Dans l’industrie manufacturière, après
la vive progression de la production enregistrée en fin d’année, les chefs
d’entreprise indiquent en février un contrecoup sur leur activité passée. En
revanche, les perspectives de production sont au plus haut depuis 2011. Ainsi,
la production manufacturière ralentirait au premier trimestre 2016 (+0,3 %) puis
accélèrerait légèrement au deuxième (+0,5. %).
L’activité de services progresserait
encore modérément
Selon les chefs d’entreprise
interrogés en février, le climat conjoncturel dans les services est quasi
stable, un peu en deçà de sa moyenne de long terme. Au premier semestre 2016, la
production croîtrait donc modérément, comme les deux trimestres précédents (+0,5
% par trimestre). L’activité se redresserait progressivement dans les branches
pénalisées par les conséquences des attentats du 13 novembre
(hébergement-restauration, transport aérien) tandis qu’elle ralentirait dans
celles liées à l’industrie.
Début 2016, la croissance française
s’élèverait un peu
Au total, le PIB accélérerait
légèrement (+0,4 % par trimestre) au premier semestre 2016. Le ralentissement de
la production manufacturière serait en effet compensé par le redémarrage de
l’activité dans les branches pénalisées par la faiblesse de la consommation fin
2015 (énergie, commerce, hébergement- restauration et transport aérien).
Les mesures de baisse du coût du
travail continueraient d’enrichir la croissance en emplois
L’emploi salarié marchand a accéléré
au quatrième trimestre 2015, un peu plus que prévu dans la Note de Conjoncture
de décembre 2015 (+32 000 après +13.000 au troisième trimestre), portant sa
croissance à +82.000 sur l’ensemble de l’année 2015. Cette reprise est portée
notamment par l’emploi intérimaire qui progresse vivement depuis trois
trimestres. Les perspectives en termes d’effectifs sont favorables dans les
enquêtes de conjoncture (graphique 4) et l’emploi marchand progresserait encore
au premier semestre 2016 (+37 000 postes). Les mesures de baisse du coût du
travail continueraient d’enrichir la croissance en emplois. En effet, outre le
crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE), les cotisations
patronales baisseront à nouveau au 1er avril dans le cadre du Pacte de
responsabilité et de solidarité (PRS) et le plan d’urgence pour l’emploi annoncé
le 18 janvier se traduit par une baisse supplémentaire du coût du travail pour
les bas salaires dans les PME.
L’emploi total s’accroîtrait de 63 000
postes au premier semestre 2016
Dans les secteurs non marchands,
l’emploi ralentirait légèrement au premier semestre 2016 (+11 000, après +16 000
au second semestre 2015), du fait de l’inflexion du nombre de bénéficiaires de
contrats aidés. En tenant compte des emplois salariés agricoles et non salariés,
l’emploi total tous secteurs confondus augmenterait de 63 000 postes au premier
semestre 2016 (après +158 000 en 2015).
Le chômage diminuerait de nouveau
légèrement au premier semestre 2016
Au quatrième trimestre 2015, le
chômage a légèrement reculé à 10,3 % en France (10,0 % en Métropole), retrouvant
son niveau du premier semestre. Au cours des trimestres suivants, la hausse
attendue de l’emploi serait supérieure à celle de la population active, et le
nombre de chômeurs diminuerait de nouveau légèrement. Le taux de chômage
s’élèverait à 10,2 % mi-2016 (9,9 % en France métropolitaine).
En février 2016, l’inflation est
redevenue négative : du fait de sa composante énergétique, l’indice des prix à
la consommation a baissé de 0,2 % sur un an. D’ici mi-2016, la baisse des prix
de l’énergie contribuerait encore négativement à l’inflation, qui s’établirait à
–0,1 % en juin. Par ailleurs, si l’inflation sous-jacente s’est redressée en
2015, elle n’augmenterait plus au premier semestre 2016 et se stabiliserait
autour de +0,7 %. La dépréciation passée de l’euro continuerait de renchérir les
produits importés, notamment électroniques. En revanche, la diffusion
progressive de la baisse passée des cours des matières premières et le haut
niveau du chômage continueraient de limiter les pressions inflationnistes.
Les salaires nominaux ralentiraient
légèrement
En 2015, les salaires nominaux dans
les branches marchandes auraient augmenté de 1,6.%, comme en 2014. Au premier
semestre 2016, ils ralentiraient légèrement (+0,5 % après +0,7 % au second
semestre 2015), sous l’effet de la baisse passée de l’inflation et d’une hausse
de Smic au 1er janvier 2016 (+0,6 %) plus faible que les années précédentes.
Mais le pouvoir d’achat des ménages ne
faiblirait pas début 2016
En 2015, le pouvoir d’achat du revenu
des ménages a de nouveau accéléré : il aurait augmenté de 1,7 % en moyenne
annuelle (après +1,1 % en 2014 et –0,1.% en 2013), ce qui constituerait sa plus
forte hausse depuis 2007. En effet, les revenus de la propriété ont rebondi,
stimulés par les renégociations de crédit immobilier, tandis que les revenus
d’activité sont restés
dynamiques. Au premier semestre 2016,
malgré les hausses de cotisations retraite des salariés et des taxes sur le
carburant en janvier, le pouvoir d’achat continuerait d’augmenter vigoureusement
(+0,8 % sur le semestre).
La consommation des ménages
retrouverait du tonus
En 2015, la consommation des ménages a
accéléré en moyenne sur l’année (+1,4 %) dans le sillage de leur pouvoir
d’achat, mais a trébuché au dernier trimestre (–0,2 %, graphique 5 ). Avec la
douceur des températures, les dépenses de chauffage et d’habillement ont baissé
; elles rebondiraient au premier semestre par contrecoup. Par ailleurs, la
consommation de services, notamment d’hébergement-restauration et de transport
aérien a pâti des craintes suscitées par les attentats survenus le 13 novembre :
ces dépenses retrouveraient progressivement leur niveau d’avant attentats au
cours du premier semestre et, de plus, elles bénéficieraient en juin de
l’organisation en France de l’Euro 2016. En outre, les dépenses en équipement du
logement seraient portées par le changement de standard de diffusion
télévisuelle. Au total, la consommation des ménages rebondirait au premier
semestre 2016 (+0,8 % au premier trimestre puis +0,4 % au deuxième trimestre),
soutenue par la vigueur de leur pouvoir d’achat.
Mi-2016, le taux d’épargne serait en
légère hausse sur un an
Le regain de pouvoir d’achat des
ménages a également alimenté leur épargne : en moyenne en 2015, le taux
d’épargne se serait établi à 15,4 %, en hausse de 0,3 point par rapport à 2014.
De même, le taux d’épargne se situerait à 15,3 % mi-2016, en hausse de 0,2 point
par rapport à son niveau de mi-2015.
Le taux de marge des entreprises
s’élèverait encore
Fin 2015, le taux de marge des
sociétés non financières (SNF) aurait atteint 31,4.%, augmentant de 1,8 point
sur un an, ce qui serait sa plus forte hausse depuis 1986. Elle est portée
depuis début 2015 par la baisse du prix du pétrole, la montée en charge du CICE
et la réduction des cotisations sociales patronales dans le cadre du PRS. Le
taux de marge des SNF s’est ainsi nettement rapproché de son niveau moyen
d’avant-crise (32,7 % entre 1988 et 2007). Au premier semestre 2016, il
augmenterait encore, sous l’effet des nouvelles mesures d’allégement du coût du
travail et de la récente baisse du prix du pétrole : mi-2016, le taux de marge
s’établirait à 32,5.%, ce qui serait son plus haut niveau depuis fin 2008.
L’investissement
des entreprises poursuivrait sa reprise
Depuis
début 2015, l’investissement des entreprises augmente significativement, soutenu
par de meilleures perspectives de demande, la plus grande capacité à
autofinancer leurs projets qu’apporte un taux de marge accru, la baisse des
coûts d’emprunt, et l’incitation fiscale du suramortissement de 40 %. Au
quatrième trimestre, les entreprises ont ainsi nettement plus investi (+1,3 %),
notamment en automobiles et en travaux publics. Dans les enquêtes de conjoncture,
les soldes d’opinion des entrepreneurs des services sur leurs investissements
demeurent au-dessus de leur moyenne de long terme tandis que les industriels ont
rehaussé leurs perspectives d’investissement pour 2016. Ainsi, l’investissement
des entreprises ralentirait légèrement par contrecoup du fort dynamisme fin
2015, mais progresserait encore solidement, de +0,7 % à +0,8. % par trimestre en
prévision.
L’investissement
des ménages ne se redresserait toujours pas
Depuis
début 2015, les permis de construire et les mises en chantier de logements neufs
se sont globalement stabilisés, traduisant avec retard l’amélioration des ventes
de logements neufs. Étant donné les délais de production dans le secteur,
l’investissement des ménages se replierait légèrement au premier semestre 2016,
après de forts reculs depuis 2012.
Les importations ralentiraient après
avoir été très dynamiques
Alors que la demande intérieure était
modérée, les importations ont vivement accéléré au second semestre 2015,
alimentant un mouvement inhabituel de restockage, notamment en automobiles, en
produits raffinés et en biens d’équipement. Elles ralentiraient fortement par
contrecoup au premier trimestre 2016 puis retrouveraient un rythme en ligne avec
la demande intérieure au deuxième trimestre. La contribution du commerce
extérieur serait ainsi positive au premier semestre 2016.
La réaction des entreprises
européennes au ralentissement des émergents et à l’incertitude née du référendum
britannique reste incertaine
Dans le scénario retenu, les
importations des économies émergentes resteraient atones, pesant sur les
exportations des économies avancées, notamment allemandes. Pour autant,
l’activité ne ralentirait pas car les débouchés intérieurs se substitueraient
aux débouchés extérieurs et l’investissement ne faiblirait pas dans la zone
euro. De même, l’attentisme né du référendum britannique sur la sortie de
l’Union européenne freinerait l’activité au Royaume-Uni mais aurait peu d’effet
dans la zone euro. Que le ralentissement émergent soit plus accentué, que les
incertitudes sur l’unité de l’Europe s’accroissent ou que la demande des
entreprises de la zone euro y soit plus sensible, la croissance serait alors
plus faible que prévu.
Une partie des économies tirées de la
baisse du prix du pétrole n’a pas encore été dépensée
Dans le scénario retenu,
l’amélioration du pouvoir d’achat des ménages et celle des marges des
entreprises permises par la baisse du prix des matières premières, se diffusent
lentement dans l’activité européenne sous forme de consommation et
d’investissement. Mais ce rythme de diffusion pourrait se renforcer, stimulant
davantage que prévu la croissance
Commission
européenne - Communiqué de presse |
Prévisions
économiques du printemps 2016: tenir le cap dans un contexte de risques élevés
Bruxelles, le
3 mai 2016
La Commission
prévoit pour 2016 une croissance de 1,6 % dans la zone euro et de 1,8 % dans
l'UE
© European
Union 2016
L'Union
européenne devrait continuer à enregistrer une croissance économique modérée,
étant donné que les performances de ses principaux partenaires commerciaux se
sont détériorées et que les effets des facteurs jusqu'ici favorables commencent
à s'estomper. La croissance du PIB de la zone euro devrait dès lors rester
modérée sur la période 2015-2017. Selon les prévisions de printemps de la
Commission, elle atteindra 1,6 % en 2016 et 1,8 % en 2017, contre 1,7 % en 2015
(prévisions d’hiver: 1,6 % en 2015, 1,7 % en 2016 et 1,9 % en 2017). La
croissance du PIB de l’UE, quant à elle, devrait être plus modérée et passer de
2,0 % l’an dernier à 1,8 % en 2016 et 1,9 % en 2017 (prévisions d'hiver: 1,9 %
en 2015, 1,9 % en 2016 et 2,0 % en 2017).
La politique
monétaire très accommodante a ouvert la voie à une reprise de l’investissement
en facilitant l'accès à un financement moins coûteux. La politique budgétaire
dans la zone euro devrait soutenir la croissance cette année. Toutefois, même si
la baisse du prix du pétrole s'est poursuivie au début de l'année 2016 et a
continué à stimuler le revenu disponible réel, l'intensité de ce soutien devrait
faiblir progressivement à mesure que renchérira le coût du pétrole. De même,
bien que les exportations de la zone euro continuent à bénéficier quelque peu de
la dépréciation qu'a connu l’euro précédemment, le redressement récent de la
monnaie unique pourrait rendre la zone euro plus vulnérable aux effets d'un
ralentissement de la croissance mondiale.
Valdis
Dombrovskis,
vice-président de la Commission européenne chargé de l'euro et du dialogue
social, a déclaré à ce propos: «La reprise économique
en Europe se poursuit, mais le contexte mondial est devenu moins favorable. Nos
perspectives de croissance dépendront de plus en plus des possibilités que nous
créons pour nous-mêmes. En d'autres termes, il nous faut intensifier nos efforts
en matière de réformes structurelles pour remédier aux problèmes persistants
dans de nombreux pays – niveaux élevés d'endettement public et privé,
vulnérabilités du secteur financier ou perte de compétitivité. Une action
publique déterminante visant à réformer et moderniser nos économies est l'unique
moyen de garantir une croissance forte et durable, de créer de l'emploi et
d'offrir à tous de bonnes conditions sociales.»
Pierre
Moscovici,
commissaire européen pour les affaires économiques et financières, la fiscalité
et les douanes, a pour sa part déclaré: «La croissance
en Europe tient bon malgré un environnement mondial plus difficile. Certains
signes montrent que, progressivement, les efforts déployés par les pouvoirs
publics créent de l'emploi et soutiennent l'investissement. Mais il nous reste
beaucoup à faire pour réduire les inégalités. La reprise dans la zone euro reste
inégale, tant ente États membres qu'au sein de la société, entre les plus forts
et les plus faibles. Cette situation est inacceptable et impose aux
gouvernements d'engager une action résolue, individuellement et collectivement.»
L'activité
économique devrait croître dans tous les États membres d'ici à 2017
La croissance
économique devrait augmenter ou rester globalement stable dans la plupart des
États membres au cours de la période de prévision. Si elle devrait concerner
tous les États membres d'ici à l’an prochain, elle devrait néanmoins rester
inégale dans l'UE.
Les
exportations nettes de la zone euro devraient continuer à freiner la croissance
en 2016 avant de devenir neutres en 2017. Par conséquent, la croissance dépendra
de la demande intérieure: d'après les prévisions, l'investissement se redressera
l'an prochain pour atteindre 3,8 % dans la zone euro et dans l'UE, et la
consommation privée ralentira en raison de la reprise de l'inflation, qui
réduira la croissance du revenu réel.
L'amélioration du marché du travail devrait se poursuivre
L'amélioration
du marché du travail devrait se poursuivre à un rythme modéré, étant donné
l'effet différé de l’embellie conjoncturelle et de la hausse limitée des
salaires. Dans certains États membres, les réformes du marché du travail menées
ces dernières années et les mesures budgétaires favorisent également la création
nette d’emplois. Même si les disparités entre les marchés du travail
subsisteront encore quelque temps, le taux de chômage de la zone euro devrait
tomber de 10,9 % en 2015 à 10,3 % en 2016 puis à 9,9 % en 2017. Quant à l'UE
dans son ensemble, son taux de chômage devrait passer de 9,4 % en 2015 à 8,9 %
en 2016 et 8,5 % en 2017.
La
politique budgétaire reste accommodante, les perspectives budgétaires
s'améliorent
D'après les
prévisions, les déficits agrégés des administrations publiques de la zone euro
et de l’UE continueront à se réduire cette année et l’an prochain, grâce à la
croissance économique et aux faibles taux d’intérêt. Le déficit public global de
la zone euro devrait, à politique constante, diminuer et passer de 2,1 % du PIB
en 2015 (UE: 2,4 %) à 1,9 % en 2016 (UE: 2,1 %) et 1,6 % en 2017 (UE: 1,8 %). La
zone euro devrait avoir une orientation budgétaire légèrement expansionniste
cette année. Son taux d'endettement devrait continuer à diminuer progressivement
et passer de 94,4 % en 2014 à 91,1 % en 2017 (UE: 85,5 %).
L’inflation
reste tirée par les prix de l’énergie
En raison de
la poursuite de la baisse du prix du pétrole au début de l'année 2016,
l'inflation est devenue négative. Elle devrait rester proche de zéro dans les
mois à venir, les prix de l’énergie étant plus bas qu’il y a un an. Les
pressions extérieures exercées sur les prix sont faibles elles aussi, compte
tenu de l'appréciation légère de l'euro et des prix mondiaux à la production
relativement bas. La progression de l'inflation devrait être plus marquée au
deuxième semestre, étant donné que les prix de l’énergie augmentent
progressivement et que les prix intérieurs se redressent sous l'effet d'un
raffermissement de la demande intérieure. D'après les prévisions, l'inflation
des prix à la consommation atteindra, dans la zone euro, 0,2 % cette année (UE:
0,3 %) et 1,4 % en 2017 (UE: 1,5 %).
Les
perspectives pour la croissance mondiale restent faibles
En 2015, la
croissance en dehors de l’Union européenne a probablement connu son rythme le
plus faible depuis 2009 (3,2 %), en raison du ralentissement des marchés
émergents. Les prévisions de croissance du PIB mondial se sont encore
détériorées, les grandes économies avancées subissant elles aussi un
ralentissement, tandis que de fortes incertitudes entourent la prévision d’une
reprise modérée. L’économie mondiale devrait enregistrer une croissance de 3,1 %
en 2016 et de 3,4 % en 2017.
Des risques
considérables pèsent sur les perspectives de l’économie européenne
Une grande
incertitude entoure ces prévisions. Parmi les risques extérieurs figure
l'éventualité que le ralentissement de la croissance des marchés émergents, en
particulier de la Chine, ait des répercussions ou une ampleur plus fortes que
prévu. L’incertitude liée aux tensions géopolitiques reste élevée et pourrait
avoir des conséquences plus graves que prévu pour les économies européennes. Une
évolution brutale des cours du pétrole ou l'apparition de turbulences sur les
marchés financiers pourraient également freiner la croissance européenne. De
plus, les risques liés à l'évolution de la situation intérieure de l'UE restent
considérables, comme par exemple ceux liés au rythme de mise en oeuvre des
réformes structurelles et à l'incertitude du référendum britannique sur l'Union
européenne. En revanche, les réformes structurelles pourraient avoir des effets
bénéfiques plus importants qu'attendu et la transmission des politiques
monétaires particulièrement accommodantes à l’économie réelle pourrait s'avérer
plus forte qu'escompté.
Contexte
Ces prévisions
prennent en compte l'ensemble des facteurs et données pertinents, y compris les
hypothèses concernant les politiques publiques, disponibles à la date du 22
avril 2016. Seules les politiques annoncées de manière crédible et définies de
manière suffisamment détaillée sont prises en compte. Les projections reposent
sur l’hypothèse de politiques inchangées. Ces prévisions se fondent également
sur un ensemble d’hypothèses externes concernant les taux de change, les taux
d’intérêt et les prix des produits de base. Les chiffres utilisés correspondent
aux attentes des marchés des produits dérivés à la date des prévisions.
Ces prévisions
économiques serviront de base au paquet de printemps du semestre européen.
La Commission doit mettre à jour ses prévisions économiques en
novembre 2016.